Le saviez-vous ?

L’enfance et les cinq âges du cerveau

À 6 ans, le cerveau d’un(e) enfant atteint déjà 90 % de la taille d’un cerveau adulte. Mais ce n’est pas pour cette raison qu’il est déjà adulte, bien entendu.
Le développement du cerveau commence dès le début de la grossesse. C’est après environ un mois de grossesse que les premiers neurones apparaissent et se multiplient. Ensuite, le cerveau ne va cesser d’évoluer. Si les transformations sont particulièrement spectaculaires durant l’enfance et l’adolescence, notre cerveau continue d’évoluer et d’apprendre jusqu’à notre dernier souffle. Les experts distinguent d’ailleurs cinq âges (périodes) de développement bien spécifiques.

Regardez cette courte vidéo pour les identifier : FranceInfo, Les cinq âges du cerveau, publié le 23 déc. 2013 (date de consultation : 24 aout 2022).

L’adolescence se termine vers 25 ans, quand le cerveau arrive à maturité

Le début de l’adolescence est signalé par l’augmentation de la production des hormones sexuelles et la mise en route de transformations importantes du corps (notamment les zones et les organes liés à la reproduction). Cela se produit entre 10 et 14 ans chez les filles et entre 12 et 16 ans chez les garçons.
Des facteurs génétiques, climatiques, psychologiques ou encore alimentaires expliquent pourquoi certains entrent plus tôt ou plus tard que d’autres dans l’adolescence.

Une fois le processus de transformation démarré, le cerveau des adolescents va lui aussi évoluer. Cependant, les différentes zones du cerveau vont se transformer à des rythmes différents. Ce sont d’abord les zones situées à l’arrière du cerveau qui évoluent, suivies progressivement par les zones situées à l’avant.
Le cortex préfrontal, qui se situe tout à l’avant du cerveau, n’atteindra ainsi sa maturité que vers l’âge de 25 ans. C’est cette étape qui signale la fin de l’adolescence.

Un cerveau pour apprendre

Qu’est-ce qu’apprendre ? Que se passe-t-il concrètement lorsque nous recevons de nouvelles informations ou que nous vivons de nouvelles expériences ?
Pour le savoir, direction le cerveau, et plus particulièrement les milliards de petites cellules nerveuses qui s’y trouvent : les neurones.
On pourrait les comparer à de petites pieuvres dont les tentacules (les dendrites) vont s’allonger et s’accrocher les unes aux autres à l’aide de récepteurs et de neurotransmetteurs. Lorsque nous apprenons quelque chose, les neurones s’activent et transmettent un influx nerveux en direction d’autres neurones le long d’un filament (axone). Si le message passe, un lien se crée (espace appelé synapse) et un apprentissage se fixe… ou du moins un apprentissage débute !
Car pour fixer cet apprentissage, il faut mettre en place des stratégies de travail adéquates et produire des efforts !

Voir la rubrique Apprendre à apprendre.

Durant l’enfance

Nous naissons avec un cerveau « câblé » à 10 % seulement. Ce qui signifie que 90 % des connexions neuronales restantes sont construites à partir de nos expériences de vie. Durant la période de la scolarité primaire, et plus particulièrement entre 5 et 8 ans, le cerveau est particulièrement disposé pour des apprentissages, à l’école mais aussi à travers les jeux. Voilà pourquoi jouer est essentiel durant l’enfance.

Toutefois, le cerveau est aussi très sensible à l’environnement durant l’enfance. C’est la raison pour laquelle il faut en prendre particulièrement soin grâce à une alimentation saine, un bon sommeil et un environnement familial et social sécurisant.

Proposez à votre enfant une véritable éducation au cerveau en l’informant sur le fonctionnement de cet organe et sur la manière d’en prendre soin.
Par exemple, visionnez avec lui (elle) les vidéos ci-dessous et proposez-lui de résumer les conseils formulés sous forme liste, de tableau, de schéma, etc.

 

Durant l’adolescence
Une bonne nouvelle : le cerveau d’un(e) adolescent(e) est fait pour apprendre beaucoup et très vite

D’un point de vue neurobiologique, le cerveau adolescent est très bien équipé pour apprendre. C’est en effet à cette période que la plasticité cérébrale, c’est-à-dire la capacité des neurones à créer, ajuster, renforcer des liens avec d’autres neurones, est la plus importante. C’est durant cette période que les connexions neuronales, supports de l’apprentissage, sont les plus flexibles et les plus rapides. La vitesse de l’influx nerveux (qui connecte les neurones entre eux) augmente pour atteindre 100 m/seconde !

 
Une moins bonne nouvelle : le cerveau d’un(e) adolescent(e) rencontre des « bugs »

Disposer d’un réseau neuronal performant ne suffit pas pour apprendre. Il faut aussi pouvoir s’appuyer sur d’autres ressources qui, elles, sont en pleine évolution au moment de l’adolescence. Ce sont elles qui viennent alors perturber le processus d’apprentissage, et notamment les apprentissages scolaires. En particulier, le contrôle inhibiteur est fragile : cette « fonction » du cerveau nous permet de « mettre de côté » des distracteurs, de « résister » à des sollicitations qui ne sont pas utiles pour la tâche à effectuer ou de contrôler des réactions spontanées, mais inutiles ou inefficaces pour l’apprentissage. Ces fonctions sont abritées dans des zones du cerveau situées principalement à l’avant du cerveau et qui ne seront pleinement matures qu’à la fin de l’adolescence.

Comment prendre soin du cerveau ?

  • Proposer aux enfants et aux adolescent(e)s des stratégies à mettre en place pour exploiter leur potentiel d’apprentissage.
    Voir la rubrique Apprendre à apprendre.
  • Adopter une attitude bienveillante afin de protéger et renforcer leur estime d’eux (d’elles)-mêmes.
    Voir la rubrique L’estime de soi.
  • Mettre en place des principes d’éducation leur permettant d’apprivoiser et de réguler leurs émotions.
    Voir la rubrique La régulation émotionnelle.
  • Proposer un cadre pour le développement de relations sociales respectueuses des autres, mais aussi respectueuses d’eux (d’elles)-mêmes.
  • Prendre soin de soi et de sa relation avec son enfant.
    Voir la rubrique Prendre soin de la relation parent-enfant.
À mettre en place dès l’enfance
  • Limiter et encadrer le temps d’écran. Voir la rubrique Les écrans.
  • En tant qu’adulte (parent, enseignant(e), etc.), accepter que tous les enfants n’évoluent pas au même rythme. Le temps est souvent un bon allié ! Il permettra à l’enfant d’acquérir, en temps voulu, les attitudes, les comportements, les stratégies adéquates. En cas de doute, n’hésitez pas à vous tourner vers des professionnels afin d’identifier un éventuel trouble de l’apprentissage. Voir la rubrique Les troubles de l’apprentissage.
À mettre en place à l’adolescence
  • Proposer aux jeunes une véritable éducation au cerveau : les informer sur le fonctionnement de cet organe et sur la manière d’en prendre soin.
    La chaine YouTube Cerveau, mode d’emploi propose de nombreuses courtes vidéos animées sur le cerveau.
  • Instaurer et faire respecter des principes d’hygiène de vie, et notamment :
    • limiter et encadrer le temps d’écran. Voir la rubrique Les écrans ;
    • s’assurer que l’adolescent(e) bénéficie d’un sommeil suffisant et de qualité. Voir la rubrique Le sommeil.
  • En tant qu’adulte (parent, enseignant(e), etc.), accepter que tou(te)s les enfants et adolescent(e)s n’évoluent pas au même rythme. Le temps est souvent un bon allié ! Il permettra à l’enfant d’acquérir, en temps voulu, les attitudes, les comportements, les stratégies adéquates. Cela ne vous empêche pas de faire part à votre ado de vos inquiétudes et de vos questionnements, ni de lui procurer vos conseils. Ces petites graines germeront un jour !

Sources de la page

BOCHEREAU Denis et JEAMMET Philippe, « 1. Les bases immuables de l’adolescence » dans La souffrance des adolescents. Quand les troubles s’aggravent : signaux d’alerte et prise en charge, Paris, La Découverte, 2007, pp. 27-34.

BORST Grégoire, « Comment le cerveau apprend-il ? » dans Sciences Humaines, n° 310, 2019, pp. 44-45.

DWECK Carol, Changer d’état d’esprit. Une nouvelle psychologie de la réussite, Wavre, Mardaga, 2010.

JENSEN Frances E., Le cerveau adolescent. Guide de survie à l’usage des parents, Paris, JC Lattès, 2016.

OCDE, Comprendre le cerveau : Naissance d’une science de l’apprentissage, Paris, Éditions OCDE, 2007. 

TOSCANI Pascale, Les neurosciences au cœur de la classe, Lyon, Chronique sociale, 2017.