Le saviez-vous ?

Les apprentissages modifient le cerveau ! C’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale.

De façon concrète, le développement du système nerveux central est le résultat de l’interaction de plusieurs processus dont certains sont achevés avant la naissance, alors que d’autres se poursuivent durant l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. C’est au cours de ce développement que, progressivement (et de façon hiérarchique), les habiletés fondamentales générales vont se complexifier et se transformer par la suite en compétences cognitives de plus en plus spécifiques (par exemple, en systèmes de mémoire distincts, en plusieurs formes d’attention, etc.).

Cette maturation des différentes régions cérébrales repose sur des processus dynamiques qui dépendent principalement de l’interaction entre l’héritage génétique et les stimulations environnementales !

Le cerveau des chauffeurs de taxi

L’une des études les plus connues qui illustre ce phénomène de plasticité cérébrale a été réalisée par des chercheurs britanniques sur des chauffeurs de taxi londoniens dont on sait qu’ils ont des compétences visuo-spatiales particulièrement développées. L’étude réalisée par le biais de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) a montré que ces chauffeurs de taxi présentaient, au niveau du cerveau, des régions hippocampiques (celles-là même qui sont impliquées dans la mémorisation) plus développées que celles de sujets témoins qui, eux, n’étaient pas chauffeurs de taxi. Ces résultats ont confirmé ainsi que le cerveau peut être modelé avec le temps, avec l’expérience, mais aussi de manière spécifique à une tâche. De la même manière, des études ont montré que la pratique régulière de la musique ou de la méditation de type pleine conscience pouvait également contribuer à des changements des fonctions du cerveau mais aussi des modifications de sa structure !

Quand déceler des troubles spécifiques d’apprentissage et des difficultés scolaires ?

Contrairement à l’échec scolaire non spécifique qui est fréquent et qui peut résulter de plusieurs facteurs extrascolaires (dysfonctionnement familial, mal-être, etc.) ou structurels (absentéisme scolaire, maitrise imparfaite de la langue, etc.), l’échec scolaire spécifique est le signe de la présence d’un dysfonctionnement développemental et peut constituer dès lors le reflet de troubles d’apprentissage spécifiques.

Ces troubles peuvent prendre plusieurs formes et toucher les différents domaines de la cognition, par exemple :

  • les fonctions de l’attention (Trouble Déficitaire de l’Attention avec/sans Hyperactivité ou TDA/H, difficultés d’inhibition, etc.) ;
  • les processus du langage oral et/ou écrit (dysphasie, dyslexie, dysorthographie, etc.) ;
  • les processus de la mémoire (troubles de la mémoire à court et/ou à long terme, etc.) ;
  • le domaine des praxies, de la psychomotricité fine et de la gestualité (dyspraxie, dysgraphie, etc.).

Ces difficultés s’annoncent généralement très discrètement et peuvent même passer inaperçues lors des deux dernières années de la scolarité maternelle (ex. : l’enfant est un peu distrait(e) en classe, il (elle) présente quelques maladresses sur le plan psychomoteur, etc.).

 

C’est plutôt dès le début de la scolarité primaire que ces difficultés peuvent se révéler de façon plus marquée : l’enfant confond des lettres, il (elle) éprouve des difficultés à mémoriser les associations phonèmes (sons) – graphèmes (formes écrites) dans l’apprentissage de la lecture, il (elle) a du mal à se concentrer en classe, il (elle) fait beaucoup d’erreurs d’inattention, etc.
Si ces difficultés peuvent être observées, dans une certaine mesure, chez TOU(TE)S les enfants, c’est la fréquence et la durée de manifestation de celles-ci qui doivent conduire à se poser la question d’un éventuel trouble de l’apprentissage. Il est dès lors essentiel de le dépister le plus vite possible. En effet, si ces difficultés ne sont pas prises en charge à temps, elles peuvent s’intensifier, s’accumuler au cours de la scolarité (l’enfant « décroche » en classe, présente des difficultés de lecture et d’écriture, etc.) et constituer progressivement une entrave significative au bon développement de l’enfant sur les plans scolaire, social et émotionnel.

Et chez l’ado ?

Même s’il a été montré au travers de plusieurs études que les réseaux cérébraux qui sous-tendent les processus de la mémoire et de l’attention se développent de façon intensive dans les premières années de vie, certaines de ces fonctions continuent à se développer durant la période de l’adolescence. La maturation progressive de ces fonctions (et notamment les fonctions cognitives qui dépendent des régions frontales) permet ainsi à l’adolescent(e) de développer de meilleures stratégies de métacognition (la connaissance sur la connaissance, en d’autres termes, l’adolescent(e) présente de meilleures connaissances sur son propre fonctionnement cognitif) qui lui permettront de mettre en place ses propres stratégies pour apprendre de manière plus efficace. Il n’est donc jamais trop tard pour soutenir l’adolescent(e) dans la mise en place de méthodologies qui vont favoriser un meilleur encodage et stockage de la matière. 

 

Enfin, rappelons que la santé mentale et physique de nos enfants et adolescent(e)s joue un rôle essentiel dans l’apprentissage. En effet, des difficultés affectives et relationnelles, le manque de sommeil et d’activité physique et une gestion non contrôlée des écrans peuvent également impacter les capacités d’apprentissage des jeunes. Il est évidemment essentiel de rester attentif(-ve) à leur bien-être et à leur santé mentale et de faire appel aux services compétents si vous suspectez des difficultés affectives et/ou relationnelles.

Conseil et outils : se faire aider par un professionnel

  • Si vous suspectez des difficultés d’apprentissage et/ou des difficultés cognitives (difficultés attentionnelles, difficultés de mémoire, dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, etc.), il est important de consulter un professionnel de première ligne (par exemple, un professionnel du CPMS). Cette personne pourra vous renvoyer, en fonction de vos échanges et d’éventuelles observations en classe, vers un spécialiste de la cognition (logopède, neuropsychologue, etc.) qui établira un bilan spécifique tenant compte de ces différents éléments.
  • Une fois réalisé, le bilan complet permettra de mieux comprendre le profil cognitif de votre enfant, ses forces et ses éventuelles difficultés. À l’issue de cette évaluation et en fonction de ses conclusions, la mise en place de techniques de travail spécifiques, d’aménagements raisonnables ou d’une rééducation ou prise en charge (logopédique, cognitive, etc.) pourra être envisagée.
  • Il est important de ne pas oublier qu’en cas de difficultés cognitives objectivées par un professionnel, vous pouvez demander la mise en place d’aménagements raisonnables en classe qui permettront de répondre aux besoins de votre enfant (voir ressources ci-dessous).
  • Enfin, si votre enfant présente des signes de décrochage scolaire, n’hésitez pas à faire appel aux services de première ligne qui peuvent vous soutenir, votre enfant et vous, à réamorcer un accrochage scolaire (CPMS, projets Amarrage, services AMO (Action en Milieu Ouvert), etc.).

Ressources complémentaires

Voici quelques ressources utiles à consulter si vous êtes en questionnement au sujet de votre enfant :

  • Si vous suspectez la présence de difficultés attentionnelles chez votre enfant, n’hésitez pas à consulter le site trajet-tdah.be. Ce site guidera vos réflexions sur le diagnostic du TDA/H et fournira également toute une série d’outils téléchargeables pour assurer le suivi de votre enfant et le soutenir dans ses apprentissages (guide d’aménagement scolaire, fiche de liaison, conseils de lecture, etc.). Ce site du SPF Santé Publique est le fruit d’un travail de collaboration entre différents professionnels belges spécialisés dans le TDA/H au sein des réseaux de santé mentale pour enfants et adolescents.
  • Fiches-outils sur les aménagements raisonnables, disponibles sur le site Enseignement.be.
  • Ressources au sujet des aménagements raisonnables, disponibles sur le site phare.irisnet.be.
  • Émission C’est pas sorcier sur la thématique des troubles DYS : France Télévisions et Multimédia France Productions, C’est pas sorcier. Les troubles DYS, 2011 (date de consultation : 30 aout 2022).
  • Vidéos pour comprendre la dyspraxie et la dyslexie.

Source de la page

MAGUIRE Eleanor A., GADIAN David G., JOHNSRUDE Ingrid S., GOOD Catriona D., ASHBURNER John, FRACKOWIAK Richard S., FRITH Christopher D., « Navigation-related structural change in the hippocampi of taxi drivers » dans Proceedings of the National Academy of Sciences, 14 mars 2000, n°97(8), pp.4398-4403.