Le saviez-vous ?

La peur est une expérience émotionnelle normale, qui nous permet de réagir et/ou de nous adapter à l’environnement.

  • Face à un réel danger, elle permet de nous protéger car elle nous pousse à réagir pour faire face à la situation. Par exemple, nous allons fuir en courant (très) vite si nous nous trouvons face à un animal dangereux.
  • Elle peut nous aider à être plus performant(e) dans certaines situations en utilisant nos capacités au maximum. C’est le cas par exemple d’un(e) comédien(ne) qui a le trac avant d’entrer en scène.

Il existe des peurs développementales, qui sont dites normales à certains moments de la vie de l’enfant. Ainsi, un bébé de six mois éprouvera de la peur face à des personnes ou situations nouvelles. Plus tard dans sa vie, ces types de peurs devraient disparaitre ou s’estomper, et d’autres émergeront. Lorsque l’enfant est en âge d’aller à l’école primaire, il est normal qu’il (elle) développe des peurs liées à la pression de la réalité, comme la pression scolaire. Lorsqu’il (elle) va à l’école secondaire, il (elle) peut développer des peurs liées au regard de l’autre.

Mais alors, quand s’inquiéter ?

La peur devient un problème lorsque :

  • elle nous empêche de faire des choses au lieu de nous aider ;
  • elle est excessive par rapport au danger présent ou même lorsque ce danger n’existe pas mais est juste imaginé.

La peur et l'anxiété, comment ça marche ?

La peur peut être représentée par un triangle dont les trois sommets sont les sensations, les pensées et les comportements.

Ces trois sommets sont reliés entre eux. En effet, il est peu fréquent de ressentir des sensations de peur (cœur qui bat vite, mal au ventre, etc.) tout en ayant des pensées de type « tout va bien, je suis cool ».

Il est donc important d’agir sur les trois sommets si on veut diminuer son triangle.

Quand l’anxiété se mêle aux apprentissages

L’enfant / l’adolescent(e) anxieux(-euse) est souvent submergé(e) de pensées parasites qui l’empêchent d’être pleinement attentif(-ve) au moment des apprentissages. Dans ce cas, l’anxiété ne lui permet pas d’écouter et d’encoder correctement les informations en classe. La peur peut aussi venir perturber les évaluations par des « trous de mémoire ».

Que faire ?

Sensations : calmer le corps

Quand on est stressé(e), on ne s’en rend pas compte mais on respire plus vite, de manière irrégulière, en prenant parfois de grandes inspirations, ou en respirant de façon rapide. Respirer de cette façon n’aide pas, mais au contraire déséquilibre notre corps.

Il semblerait que le nombre de respirations (inspiration + expiration) qui apporte des émotions positives et un bien-être se situe entre 6 et 8 respirations par minute.

Pour atteindre un état de détente, nous pouvons pratiquer la respiration abdominale.

La respiration peut nous aider à mieux nous adapter à des situations qu’on connait moins ou à faire face à l’imprévu. Elle permet aussi d’affronter les petits et gros tracas de la vie de tous les jours et de mieux profiter des périodes de calme pour se reposer.

La respiration pratiquée quotidiennement aide également à diminuer les tensions accumulées la journée. Elle peut aussi nous permettre d’améliorer notre sommeil et notre repos, ce qui est utile pour les apprentissages puisqu’un bon sommeil nous permet de bien mémoriser les informations apprises. Lorsque nous sommes détendu(e)s et calmes, il est plus facile d’être attentif(-ve)s et concentré(e)s sur ce que l’on fait.

Pensées : se questionner

Notre tendance naturelle est de rassurer l’enfant en lui disant « Ça va aller » ou « Tout va bien se passer ». Cependant, la plupart du temps, la réassurance ne fonctionne pas. Pour diminuer l’anxiété, il est préférable de questionner la pensée anxieuse tel(le) un(e) détective. Au lieu de tenter de convaincre l’enfant / l’ado en lui disant « Ne t’inquiète pas, ça va aller, j’en suis certain(e) », il vaut mieux le (la) questionner sur ses probabilités de succès. Par exemple, on peut formuler la question suivante : Quelles sont les preuves qui me permettent de dire que ça va aller, ou du moins qu’il y a plus de chances que ça se passe bien plutôt que l’inverse ?

Poser les bonnes questions pour trouver des preuves pour ou contre la pensée anxieuse permettra de mettre en évidence qu’/que :

  • il y a plusieurs façons de penser face à une situation ;
  • certaines façons de penser peuvent nous aider à nous sentir mieux ;
  • on peut, jusqu’à un certain point, choisir notre façon de penser ;
  • nous avons donc un certain contrôle sur nos pensées.

 

Exemples :

En primaire, le stress du CEB – « Et si… je ratais ». Il faut questionner l’enfant afin d’identifier la probabilité que cela arrive ou que cela n’arrive pas :

  • Quels sont mes résultats de l’année ?
    En grandeur : 17/20, en grammaire : 16/20, en calcul écrit : 15/20, etc.
  • Est-ce que je me suis exercé(e) ?
    Oui, une fois, et cela s’est bien passé. J’ai juste eu quelques difficultés en calcul écrit. Mais puisque je le sais, je peux m’entrainer.
    Cette question a donc mené à une résolution de problème !
  • Au vu de ces différentes preuves, il y a donc plus de chances que le CEB se passe bien plutôt que l’inverse.

 

En secondaire, le stress du CE1D – « Et si… je ratais ». Il faut questionner l’enfant afin d’identifier la probabilité que cela arrive ou que cela n’arrive pas :

  • Quels sont mes résultats de l’année ?
    En sciences : 78%, en français : 80%, en mathématiques : 70%, etc.
  • Est-ce que je me suis entrainé(e) avec un CE1D d’une année précédente ?
    Oui, une fois, et cela s’est bien passé. J’ai juste eu quelques difficultés en sciences avec les questions portant sur les états de la matière. Mais puisque je le sais, je peux demander des explications à mon (ma) professeur(e).
    Cette question a donc mené à une résolution de problème !
  • Au vu de ces différentes preuves, il y a donc plus de chances que le CE1D se passe bien plutôt que l’inverse.
Comportements : se confronter

Quand on évite ses peurs, l’anxiété baisse rapidement. Mais à long terme, éviter ne fait qu’augmenter nos peurs car on perd l’occasion de tester la réalité, c’est-à-dire de se rendre compte que ce qu’on avait imaginé de pire n’arrive pas. En évitant, on renforce le caractère catastrophique de la situation. Petit à petit, la situation anxiogène le devient de plus en plus. Il est donc important de rompre ce cercle vicieux en se confrontant progressivement à la situation qui fait peur.

La première fois que l’on s’expose, l’anxiété monte. Le défi sera d’accepter de ressentir de l’anxiété. Après quelques temps, la peur est moins forte et commence à descendre.

Avec la pratique, à force de se confronter, la peur a moins de force. Elle monte moins haut et redescend plus vite.

Il faut bien sûr respecter le rythme de l’enfant en se confrontant graduellement, petit à petit.

Sources de la page

BERTHIAUME Caroline, RACICOT Geneviève et VERREAULT Martine, Programme Super Actif !, Programme de pédopsychiatrie, Montréal, Hôpital Rivières-des-Prairies, 2007.

DUMAS Jean, L’enfant anxieux. Comprendre la peur de la peur et redonner courage, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2012.

VIAU Rolland, « L’état des recherches sur l’anxiété en contexte scolaire » dans Cahiers de la recherche en éducation, vol. 2, n°2, 1995, pp. 375-398.