Le saviez-vous ?

L’estime de soi, ce n’est pas la même chose que la confiance en soi !

L’estime de soi est la valeur qu’une personne s’accorde, si elle s’aime ou ne s’aime pas, s’approuve ou se désapprouve en tant que personne.

Tandis que la confiance en soi est l’évaluation qu’une personne a de ses ressources nécessaires pour accomplir une tâche ou affronter une situation particulière.
Il s’agit d’un ingrédient-clé dans le développement de l’estime de soi.

L’estime de soi est une dimension qui se construit dès l’âge préscolaire (7-8 ans). L’enfant peut ainsi répondre à la question : « Est-ce que tu t’aimes ? »

 

 

De nombreuses recherches longitudinales faites auprès d’élèves de primaire et de secondaire tendent à dire
que l’estime de soi serait relativement constante dans le temps, bien que des fluctuations soient possibles en fonction des expériences de vie. À l’adolescence, l’estime de soi peut subir des variations. Habituellement, elle diminue au début de cette période pour augmenter ensuite régulièrement. Les jeunes adultes (18-19 ans) ont bien souvent une estime de soi plus positive qu’au début de leur adolescence. Cette diminution semble liée aux différents bouleversements et épreuves qui surviennent à la puberté, tels que le changement de l’école, l’importance de l’intégration dans un groupe d’amis, les changements corporels, le développement de l’identité, le regard des autres, etc.

Sur quels piliers l’estime de soi se construit-elle ?

L’estime de soi se construit au travers de quatre sources.

  1. Les expériences de réussite et d’échec de l’enfant dans différents domaines : elles vont influencer la perception de sa compétence et de son image.
  2. Les attitudes des autres (parents, professeurs, élèves, amis, etc.) : elles influencent l’importance que l’enfant donnera à ses qualités et aptitudes.
    La façon dont l’enfant est décrit(e) et jugé(e) par les autres ou encore ce que l’enfant croit que les autres pensent de lui (d’elle) sont des éléments-clés dans le développement de son estime de soi.
  3. Les attentes des autres, le poids que les parents accordent à la réussite ou encore ce que l’enfant croit que les autres attendent de lui (d’elle) jouent sur la façon dont il (elle) va s’estimer. Si l’enfant perçoit des attentes élevées et qu’il (elle) décèle un manque de capacité pour les atteindre, il sera plus difficile pour lui (elle) d’avoir une bonne image de lui (d’elle)-même.
  4. Les critères que l’enfant se fixe pour s’évaluer : si ses propres attentes de lui (d’elle)-même sont hautes, il sera plus difficile pour lui (elle) de les atteindre, ce qui le (la) mettra en difficulté quant à une bonne perception de lui (d’elle)-même.
Petite expérience

Des chercheurs de l’Université de Provence ont fait passer un test à des filles et des garçons d’âge scolaire. Ils leur ont montré la figure complexe de Rey-Osterrieth (reproduite ci-dessous) en leur expliquant qu’ils allaient devoir la retracer de mémoire ! Cette figure est utilisée en neuropsychologie pour évaluer différentes capacités cognitives : mémoire, attention, planification, capacités visuo-spatiales, etc.

Dans cette expérience, deux groupes ont été créés et ont reçu des consignes différentes quant à l’objectif de la tâche. Dans le premier groupe, on dit aux enfants qu’il s’agit d’un exercice de géométrie. Dans le deuxième groupe, les enfants pensent qu’il s’agit d’un exercice de dessin. À la suite de ce test, les chercheurs constatent des résultats différents dans les deux groupes. Les filles réussissent moins bien la tâche que les garçons lorsqu’elles pensent qu’elles réalisent un exercice de géométrie, alors qu’elles obtiennent des résultats similaires aux garçons lorsqu’elles pensent faire un exercice de dessin.

 

Comment cela s’explique-t-il ? Par ce que la psychologie sociale appelle « la menace du stéréotype ».
Un stéréotype est une idée toute faite sur les caractéristiques, les traits de personnalité, les comportements propres à un groupe de personnes (ex. : les femmes expriment leur peur mais pas les hommes, un homme ça ne pleure pas, etc.).

Il existe un stéréotype qui est que les filles réussissent moins bien en maths que les garçons. Dans cette expérience,
ce stéréotype s’est activé : le seul fait de dire qu’il s’agissait d’un exercice de géométrie, matière de mathématiques, a exercé une influence sur les résultats des filles. Alors que ça n’a pas été le cas lorsqu’elles pensaient faire un exercice de dessin. Ce stéréotype a donc eu une influence sur leur sentiment de réussir une tâche.

Cette expérience montre que l’image que l’on a de nous-même et de nos capacités est aussi influencée par les autres, les situations, les contextes dans lesquels nous nous trouvons.

Comment développer l'estime de soi ?

Une bonne connaissance de soi et le développement de la confiance en soi sont des ingrédients de base de l’estime de soi.
Le développement de l’estime de soi passe par :

  • La reconnaissance des réussites
    Identifier et verbaliser les réussites de l’enfant, aussi petites soient-elles, est une façon de construire son estime de soi et son sentiment d’efficacité face aux apprentissages. Il est important de partir de là où est l’enfant, et pas de nos attentes. Tout progrès par rapport au niveau de base de l’enfant mérite d’être reconnu. 
  • La mise en avant des réussites
    Cela passe par des renforcements, des félicitations, des paroles positives.
  • La reconnaissance du droit à l’échec
    Il est important de verbaliser à l’enfant qu’il (elle) a le droit de se tromper : « se tromper >< je suis nul(le) » MAIS « se tromper = une occasion d’apprendre ».
  • L’encouragement des prises de risques
    Il est important de l’encourager à prendre des risques de telle sorte qu’il (elle) se sente capable de relever des défis. Cependant, le faire de façon calculée (pas trop grand ni trop petit) lui permettra de vivre des expériences positives et encourageantes.
  • La mise en avant des forces et l’acceptation des faiblesses
    L’enfant avec une faible estime de soi aura tendance à surestimer ses faiblesses et à sous-estimer
    (voire ignorer) ses forces. L’accompagner dans l’identification de ses forces et l’acceptation de ses faiblesses lui permettra de mieux s’aimer.

Sources de la page

BAUDOUIN Jean-Yves et CHAVIGNON Eléonore, La menace implicite du stéréotype de genre dans les apprentissages chez les enfants de primaire, 3e journée d’étude DIPHE/MASTER PEF, laboratoire DIPHE, Lyon, 2019.

BEE Helen et BOYD Denise, Les âges de la vie. Psychologie du développement humain, Québec, Éditions du Renouveau Pédagogique Inc, 2008.

CROIZET Jean-Claude, DÉSERT Michel et LEYENS Jacques-Philippe, « La menace du stéréotype : Une interaction entre situation et identité » dans L’Année psychologique, n°102, 2002, pp. 555–576.

GARNEAU Jean, La confiance en soi. Comment la bâtir au quotidien, Québec, Éditions Alexandre Stanké, 2002.

ROSENBERG Morris, Components of Rosenberg’s self-esteem scale. Conceiving the self, New York, Basic Books, 1979.