Le saviez-vous ?

Certains pensent que les écrans améliorent nos capacités cognitives. Malheureusement, c’est trop beau pour être vrai ! Il a été démontré, au contraire, qu’une exposition précoce et/ou régulière aux écrans a un impact négatif sur le développement du cerveau et peut conduire à des retards de développement cognitif sur les plans langagier, attentionnel, etc. Des études ont également montré que l’exposition excessive aux écrans peut être associée, entre autres, à de l’obésité, des symptômes de dépression et des troubles du sommeil (voir rubrique Le sommeil).

Faut-il alors interdire tout écran ? Bien sûr que non ! Les écrans (téléphone, tablette, ordinateur, etc.) font partie intégrante de notre vie et de celle de nos enfants. Nous pouvons même aller jusqu’à dire que nos enfants sont nés et doivent apprendre progressivement à vivre dans ce monde d’ultra-connectivité. En outre, ces écrans peuvent être des alliés dans la vie de tous les jours pour des raisons très pratiques : travailler, réserver des vacances ou des billets de transport, chercher des informations scientifiques, culturelles, etc.

L’information, la connaissance, la culture, au sens large du terme, sont à notre portée en seulement quelques clics ! Alors pourquoi s’en passer ?

Mais une question reste fondamentale : comment ne pas se faire happer et devenir accro ?
En d’autres termes, comment apprendre à vivre en « harmonie » avec les écrans tout en gardant le contrôle sur leur utilisation ?

Facile à dire… évidemment !

Pourquoi est-on accro aux écrans ?

Jeux vidéo, activités en ligne et connexion aux réseaux sociaux recourent à ce que l’on appelle « le circuit de la récompense », celui-là même qui est impliqué dans les addictions chez les personnes dépendantes aux substances.

Le fait de récolter des likes sur Instagram ou sur Facebook agit comme une drogue pour notre cerveau en stimulant la production de la dopamine, connue comme étant la molécule du plaisir immédiat !

En conséquence, nous nous connectons encore et encore à différentes applications pour ressentir cette sensation de plaisir ! Et c’est bien le but de ces applications : utiliser les mécanismes de récompense et de renforcement bien connus en psychologie comportementale pour nous rendre dépendant(e)s ! À l’instar des souris en laboratoire qui appuient sur des petites pédales pour obtenir de la nourriture, nous « scrollons » en quête principalement de renforcements sociaux et de ce sentiment de plaisir immédiat que nous procurent, par exemple, les likes, le nombre de followers que nous obtenons, etc.

N.B. : le terme « scroller » vient du verbe anglais to scroll qui qualifie l’action de faire dérouler les pages Internet du bout de notre pouce ou via notre souris.

 

Et si on fixait des règles claires pour l'utilisation des écrans ?

Entre les risques d’addiction aux écrans, les contenus parfois violents ou explicites que nous pouvons rencontrer sur Internet, les réseaux sociaux et les messages qui y sont véhiculés, on peut s’interroger sur l’impact des écrans sur notre vie de tous les jours.  

Il est donc fondamental de réfléchir à notre propre utilisation des écrans et au rôle que nous pouvons jouer dans la régulation de l’exposition de nos enfants à ceux-ci.

Dans ce contexte, Yapaka, le programme de prévention de la maltraitance à l’initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a développé la campagne 3-6-9-12 afin de donner des repères dans l’utilisation des écrans dès le plus jeune âge. Ces repères sont importants pour garder le cap d’une utilisation réfléchie et contrôlée de notre consommation du monde numérique. Ils s’accompagnent de comportements-clés, comme le dialogue et l’établissement de règles claires sur le mode et le temps d’utilisation des écrans, quelle que soit la tranche d’âge de l’enfant.

  • Pas de télévision avant 3 ans : durant cette période-clé du développement, le (la) jeune enfant découvre et apprend par le jeu, l’expérimentation par les sens et surtout l’échange et le contact avec ses parents et son entourage. Ces premières expériences de vie lui permettent de découvrir activement le monde et de développer ses connaissances. Les écrans (même comme fond sonore ou visuel) sont donc à éviter absolument !
  • Pas de console de jeu avant 6 ans : une nouvelle fois, l’expérimentation et la manipulation doivent rester les sources principales d’explorations et de découvertes. Il s’agit d’une période importante au cours de laquelle les nouveaux apprentissages peuvent aussi être réalisés en collectivité et conduire ainsi au développement des relations à autrui. Le risque de l’utilisation de consoles avant cet âge est de limiter les autres types d’exploration chez l’enfant.
  • Pas d’Internet seul avant 9 ans : il existe un risque réel qu’en l’absence de contrôle d’un adulte, l’enfant soit confronté(e) à des images dont il (elle) ne pourra pas gérer l’impact émotionnel. Il est donc nécessaire de rester disponible physiquement (privilégier l’utilisation des écrans dans des pièces communes) mais également de contrôler les contenus consultés et de proposer des échanges ultérieurs en cas de questionnement concernant ceux-ci.
  • Pas de réseau social avant 12 ans : une nouvelle fois, il reste essentiel, même chez l’enfant plus âgé(e), de privilégier les relations sociales et la découverte du monde extérieur par le biais du réel. Progressivement et avec l’aide des adultes, l’enfant apprendra à gérer ses relations aux écrans et aux informations qui sont véhiculées par les réseaux sociaux.

Ces repères doivent, dans tous les cas, être accompagnés de discussions et d’échanges sur l’addiction aux écrans et les circuits de la récompense pour favoriser une meilleure compréhension des mécanismes de renforcement à la base de notre utilisation des écrans. Ils sont également indissociables d’une explication sur le droit à l’image, sur le caractère « éternel » des contenus publiés, sur la pertinence et validité des contenus mais aussi sur les dérives des réseaux sociaux.

Que faire en tant que parent ?

Après une enquête réalisée par l’ONE en 2015, des recommandations autour de cinq axes ont été proposées :

  • considérer le contexte de vie de l’enfant ;
  • mettre en place des règles concernant l’utilisation des écrans ;
  • privilégier le dialogue ;
  • rester positif quant à l’utilisation des nouvelles technologies ;
  • poser un cadre clair qui respecte les valeurs de la famille, le contexte et les spécificités de l’enfant.

Et concrètement ?

Rappelons que les écrans ne doivent pas être diabolisés, c’est leur utilisation qui doit faire l’objet d’une attention particulière. Dès lors, quelques points d’attention peuvent être dégagés :

    • Il semble important de respecter la règles de la campagne 3-6-9-12 de Yapaka en veillant à réfléchir également à notre propre consommation en tant que parents. En effet, nous sommes des modèles pour nos enfants. Voir à cet égard la brochure développée par le CHU de Liège : Le bon usage des écrans. « Parents, ils vous regardent… et vous imitent ! » . Cette brochure contient notamment un test rapide sur la consommation des écrans afin de vous évaluer sur votre dépendance à Internet.
    • L’utilisation des écrans pour les enfants plus âgé(e)s doit être favorisée dans les pièces communes de la maison permettant ainsi un dialogue sur les contenus qui sont consultés.
    • Il est important de dialoguer avec les enfants/ados sur leurs centres d’intérêt numériques : manifester de l’intérêt pour les contenus ou jeux qu’ils (elles) apprécient favorise ainsi les échanges sur l’utilisation des écrans et des réserves qui doivent être adoptées dans leur utilisation.

 

  • Les modalités d’utilisation doivent être discutées avec l’enfant et des limites doivent être fixées (temps d’écran, type d’activité sur les écrans, etc.) et réévaluées au fur et à mesure du développement de celui (celle)-ci, afin de l’autonomiser progressivement dans sa gestion des écrans.
  • Il est tout à fait possible de mettre en place un contrôle parental pour les différents écrans qui sont à disposition de vos enfants. Celui-ci devra être discuté avec l’enfant et ajusté en fonction de son âge.
  • Il est important de favoriser au maximum des activités en extérieur ainsi que des moments de partage, de jeux et d’exploration avec les pairs.
  • Pour les adolescent(e)s, il faut veiller à échanger sur l’importance de limiter sa consommation nocturne et discuter des risques inhérents à l’utilisation d’Internet (contenus pornographiques, harcèlement, etc.).
  • Il est nécessaire de rester attentif(-ve) à la consommation d’écran de votre jeune et de ne pas hésiter à consulter un professionnel qui sera à votre écoute et à celle de votre ado si cette consommation est une source d’inquiétude pour vous.

Sources de la page

ARTE, documentaires Dopamine sur www.arte.tv (date de consultation : 18 aout 2022). Ces documentaires éclairent sur les comportements d’addiction au web, plateforme par plateforme (Facebook, Instagram, YouTube, etc.). Ils sont à destination des petits et grands… utiles aussi pour les parents !

CHU de Liège, Le bon usage des écrans. « Parents, ils vous regardent… et vous imitent ! » sur www.chuliege.be, publié le 23 sept. 2018 (date de consultation : 18 aout 2022).

FORREST Brent et SCHLAGE Tobias, Like and Follow, CGMeetup, 19 avr. 2021 (date de consultation : 18 aout 2022). Il s’agit d’un court film d’animation sur l’addiction aux téléphones portables.

MAIF, Agissons avec Jamy. Les écrans et les enfants, sur www.youtube.com, publié le 25 janv. 2021 (date de consultation : 18 aout 2022).

ONE, « Les enfants et les écrans. Les résultats de l’enquête » sur www.one.be (date de consultation : 18 aout 2022).

YAPAKA, « Maitrisons les écrans : La campagne 3-6-9-12 donne des repères » sur www.yapaka.be (date de consultation : 18 aout 2022).