Le saviez-vous ?

Nous vivons tou(te)s des émotions, qu’on soit petit ou grand, parfois sans s’en rendre compte. En fonction des personnes et des situations, elles prennent plus ou moins de place. Nous sommes tou(te)s différent(e)s dans notre manière de les ressentir, de les exprimer, de les verbaliser ou encore de les percevoir chez l’autre.
En effet, certains ont plus de facilités pour gérer leurs émotions et jongler avec celles des autres.

Les émotions sont essentielles et jouent un rôle important. Et cela, même si elles paraissent parfois difficiles à vivre.

Une émotion a peu de chance de rester muette. Lorsqu’on essaie de faire taire nos émotions, elles finissent souvent par ressurgir, sans prévenir et parfois de façon violente. L’écoute, la verbalisation (adéquate !) et la gestion de nos émotions sont les ingrédients-clés de la recette de la sérénité.

Les émotions servent à exprimer un besoin

Une émotion est très utile : c’est une information que communique le cerveau lorsqu’il a le sentiment qu’un besoin n’est pas comblé.

Les émotions primaires sont :

  • la peur : elle permet de nous avertir d’un danger, d’être attentif(-ve) aux menaces qui nous entourent et elle nous pousse à nous protéger. Si nous ne ressentions pas la peur, nous nous mettrions souvent en danger ;
  • la joie : elle permet de profiter des choses que l’on a et que l’on vit, et de vivre notre vie avec le sentiment d’être heureux(-se) ;
  • la colère : elle nous aide à nous affirmer, à dire notre ressenti, à exprimer nos choix ;
  • la tristesse : elle permet de comprendre et de vivre le manque de quelqu’un ou de quelque chose. Elle nous aide à nous recentrer sur ce qui est important dans la vie ;
  • le dégout : il nous aide à nous protéger d’éventuels poisons ou d’un danger pour notre santé.

On parle aussi d’émotions secondaires, qui sont un mélange de plusieurs émotions primaires. Par exemple, se sentir rejeté(e) est un mélange de tristesse et de peur, ou encore se sentir vexé(e) est un mélange de colère et de tristesse.

Les cinq composantes d’une émotion

On distingue cinq composantes, qui sont autant de niveaux pour lire ou décoder une émotion.

  1. Une composante d’évaluation : une émotion nait d’une évaluation d’une situation ou d’une expérience.
    Ex. : j’évalue l’existence d’un danger, ce qui fait naitre de la peur.
  2. Une composante physiologique : une émotion est toujours accompagnée de symptômes physiques.
    Ex. : le rythme cardiaque qui s’accélère quand on est en colère.
  3. Une composante expressive : les émotions sont des vecteurs importants de communication sociale.
    Elles peuvent s’exprimer à travers notre non verbal ou même notre corps entier. Ex. : l’expression d’un sourire quand on est joyeux.
  4. Une composante motrice : une émotion est souvent à l’origine d’une action ou d’une ébauche d’action, encore faut-il que celle-ci soit adaptée.
    Ex. : demander du réconfort quand on est triste.
  5. Une composante subjective : une émotion est un sentiment que l’on vit personnellement.

Certaines personnes ressentent plus fortement que d’autres les émotions, c’est ce qu’on appelle l’hypersensibilité. Dans ce cas, les émotions sont souvent ressenties avec une grande intensité, rendant ainsi difficile la prise de distance et la diminution de l’émotion. Cependant, cette sensibilité peut également être un atout car elle permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Qu’on les vive intensément ou non, l’important est d’apprendre à gérer ses émotions.

Comment accompagner l’enfant/l’adolescent(e) dans la gestion de ses émotions ?

Pour faciliter le développement de compétences émotionnelles chez l’enfant/l’adolescent(e), il sera utile :

  • de lui apprendre à être à l’écoute de ses émotions et de les accepter au lieu de les passer sous silence ;
  • de l’aider à identifier et reconnaitre les émotions qu’il (elle) vit et leur intensité ;
  • de l’inviter à exprimer ses émotions de façon socialement adéquate à travers des mots et/ou le langage du corps ;
  • de l’encourager à comprendre le(s) message(s) qui est (sont) véhiculé(s) par ses émotions et éviter ainsi qu’une escalade d’émotions soit nécessaire pour faire passer les messages. En effet, les émotions apparaissent souvent dans des contextes et situations spécifiques. Il sera dès lors important de décrypter les déclencheurs et le « pourquoi » de l’émotion ;
  • de favoriser l’identification de ses besoins. Derrière une émotion se cache souvent un besoin. Ces besoins peuvent être fondamentaux (ex. : manger, boire, etc.), primaires (ex. : le repos, etc.) ou encore, et bien souvent, secondaires (ex. : le besoin d’écoute, d’épanouissement, d’entraide, etc.).

 

 

À ce stade, c’est déjà presque gagné !

Ensuite, il est possible d’apprendre à l’enfant à avoir des comportements qui lui permettront d’apaiser et de réguler ses émotions.
Après avoir identifié les besoins derrière l’émotion, il sera plus facile d’identifier des pistes d’action.

Et les autres ? Nous ne vivons pas seul(e)s. Les émotions des autres peuvent également avoir un impact sur nous.
Comprendre les émotions des autres et se mettre à leur place est une compétence très utile pour être bien dans nos relations sociales. C’est ce qu’on appelle l’empathie.
Mais attention, trop d’empathie tue l’empathie ! Certain(e)s sont naturellement doté(e)s d’une grande empathie. Le risque alors est de se laisser submerger par des émotions qui ne nous appartiennent pas. Il sera important dès lors de se mettre en pause, de se demander si les émotions vécues nous appartiennent ou pas.
Et si ce n’est pas le cas, de sortir son bouclier pour renvoyer les émotions vers l’autre.

La boite à outils pour aider votre enfant/ado à gérer ses émotions

Apprendre à être attentif(-ve), à identifier et à gérer ses émotions, cela prend du temps et nécessite de l’entrainement.
Pour accompagner votre enfant dans cette démarche, plusieurs outils sont à votre disposition. Voici quelques ressources :

Pour les plus jeunes :

    • FILLIOZAT Isabelle, LIMOUSIN Virginie et VEILLÉ Éric, Les cahiers Filliozat. Mes émotions, Paris, Nathan, 2016.
    • SAINT-MARS Dominique de, Max et Lili. Le carnet des émotions, Suisse, Calligram, 2018.

Pour les plus grand(e)s :

    • FILLIOZAT Isabelle, J’apprends à bien vivre avec mes émotions, Vanves, Éditions Marabout, 2018.
    • CASTELLI GATTINARA Enrico, Voyage au cœur des émotions des adolescents, Vanves, Éditions Hachette Pratique, 2019.
  • Film : DOCTER Pete et DEL CARMEN Ronaldo, Vice-Versa, Disney-Pixar, 2015.
  • Des exercices de méditation :

Pour les plus jeunes :

    • KAISER GREENLAND Susan, La méditation est un jeu d’enfant, Paris, Éditions Les Arènes, 2018. Coffret de 55 cartes d’activités.
    • SNEL Eline, Calme et attentif comme une grenouille, Paris, Éditions Les Arènes, 2012. Livre et CD.

Pour les plus grand(e)s :

  • Des jeux en famille :
    • La planète des émotions, Placote, 2019. À partir de 3 ans et demi.
    • Le laboratoire des émotions, Placote, 2021. À partir de 4 ans.
    • Le maitre du stress, Placote, 2021. À partir de 7 ans.
    • Feelings. Le jeu des émotions, Act in games, 2017. À partir de 8 ans.

Sources de la page

BRUNEL Marie-Lise, « La place des émotions en psychologie et leur rôle dans les échanges conversationnels » dans Santé mentale au Québec, n°20(1), 1995, pp. 177–205.

HUMBEECK Bruno, L’intelligence émotionnelle à l’école et en famille. Comment accompagner l’enfant dans la gestion de ses émotions ?, Bruxelles, Éditions Mardaga, 2022.

VIÈS-DUFFAU Catherine, Je suis hyper sensible, et alors ?, Louvain-la-Neuve, Éditions De Boeck Supérieur, 2021.